Dans Conseils pour se mettre en selle, Vivre sans voiture

Les infos trafic ou le chant des oiseaux? Difficile dilemme

Tu vis à Bruxelles. Tu en as marre des embouteillages. Tu envisages de faire comme tous ces gens qui te dépassent, le matin, sur leur vélo, le sourire aux lèvres (non, ils ne se moquent pas de toi, ils sont juste heureux d’entendre les oiseaux chanter), mais tu hésites. Ami bruxellois, j’étais comme toi il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, je fais partie de ceux qui se déplacent en souriant, le matin.

Au début était Montgom…

Tout a commencé avec la fermeture des tunnels. Quatre petits kilomètres séparent mon appartement de mon espace de coworking préféré, où je me rends régulièrement. Mais voilà: en bonne partisane de la loi du moindre effort (et c’est peu dire), j’étais habituée à ma Titine. Mais quand ce trajet, qui ne me prenait jusque-là, qu’une dizaine de minutes, a fini par m’en prendre 20 ou 30, j’ai commencé à me poser des questions. Ou plutôt, une question: et si je faisais comme eux? Et si je me remettais au vélo?

A vélo à Bruxelles!? Oui, mais non

J’étais déjà adepte du système Villo! pour des déplacements occasionnels. Mais j’avais fini par renoncer – pas assez (ou trop) de vélos aux bornes qui m’intéressaient. Pas fiable. Vélos trop lourds. Etc. Alors, j’ai envisagé d’avoir mon propre vélo. La réflexion a pris un peu de temps. Je voyais des obstacles partout. Jusqu’à ce jour de pluie, où j’ai mis 45 minutes pour rentrer chez moi du boulot (rappelle-toi: moins de 4 kilomètres me séparent de mon espace de coworking préféré). Et je ne parle même pas de ma conscience écologique (je brûlerai en enfer, me disais-je. Et le feu sera alimenté en hydrocarbures. Tragique destin). Et nous voilà six mois plus tard. Depuis ce triste (et long) jour de pluie, je me déplace exclusivement avec José Maria (c’est ainsi que j’ai baptisé mon fidèle destrier) à Bruxelles (sauf exception très (très) rare). (Je possède pourtant une voiture. Quasiment neuve.)

vélo

Maria José, la cousine de José Maria, à Barcelone

Je peux pas, j’ai aquaponey!

Au bout de six mois de vélo au quotidien, je me rends compte, aujourd’hui, que tous ces obstacles que je voyais n’étaient en fait que des obstacles imaginaires. Jugez-en par vous-même:

  • Je n’ai pas de garage, où vais-je le garer?

Cela fait six mois que mon vélo “dort” dehors. Deux (bons) cadenas. Un arceau. Faute d’arceau, un panneau de signalisation. Et hop! le tour est joué. Oui, peut-être qu’un jour, on va me le voler. Ou me l’abîmer. En attendant, j’ai foi dans l’humanité. C’est comme ça. (Amen.)

  • Bruxelles est vallonée. Je ne suis pas une grande sportive. Je vais mourir, à vélo!

Bon, j’avoue, les premiers jours, j’ai souffert. J’arrivais au coworking en nage. Chaque matin, je pensais que mon heure était venue. Il m’est même arrivé de prendre l’ascenseur pour monter l’unique étage une fois sur place. Je marchais comme une petite vieille, toute courbaturée que j’étais. Mais j’ai tenu bon. Et chaque jour, le trajet me semblait plus court. Ou moins long. Et plus plat. Et plus simple. Aujourd’hui, je peux traverser la ville, fieu, sur mon vélo, sans avoir besoin de passer par l’hôpital pour respirer de l’oxygène en bouteille! Et les côtes qui, finalement, ne sont jamais terribles (mise à part la rue du Sceptre. Le jour où j’arrive à la monter, celle-là, je m’inscris aux JO!), ben j’ai appris à les gravir à mon aise – après tout, je ne suis pas pressée!

  • Et le trafic!? Et toutes ces voitures! Le vélo à Bruxelles, c’est dangereux!

véloBon, d’accord, rouler en ville n’est  pas toujours une partie de plaisir. Trop d’automobilistes ont encore un comportement agressif vis-à-vis des vélos et/ou pensent que leur rétroviseur de droite est là juste pour faire joli (question de symétrie, tu comprends?). Mais à partir du moment où toi, cycliste, tu respectes le code, tu ouvres bien tes yeux, tu comprends que la route, ça se partage, que les trottoirs, c’est  pour les piétons, que c’est pas parce que tu es sur ton vélo que tu dois te croire le roi du monde, tu verras que les choses seront tout de suite plus simples. Si t’es sympa avec les automobilistes et les piétons, c’est magique!, ils sont sympas avec toi. (Sauf quelques rares exceptions, il faut bien l’admettre.) Ah, et aussi, n’hésite pas à prendre ta place sur la route (car oui, tu as le droit de l’emprunter, toi aussi, cette route). Pour tout ça, un peu de théorie et beaucoup de pratique, je ne peux que te recommander la formation à la conduite dans le trafic proposée par le Gracq. Je l’ai moi-même suivie ce week-end (alors que, si tu me suis bien, ça fait plus de six mois que je roule en ville au quotidien), et bien, j’y ai appris plein de choses! Du coup, c’est encore plus sûre de moi que, demain, j’enfourcherai José Maria pour aller bosser! Rouler en ville, ça s’apprend. Ah, et savais-tu que Bruxelles Mobilité propose une Carte Vélo? Elle est super bien faite! Elle t’indique notamment les rues les plus adaptées aux cyclistes. De quoi te faire un itinéraire sur mesure!

  • Et la pluie, alors!? Le climat n’est pas propice au vélo!

Sérieusement, tu trouves vraiment que Copenhague ou Amsterdam ont un climat méditerranéen? Trente pour cent, fieu! A Amsterdam, 30% des déplacements se font à vélo! Tu sais à combien on en est à Bruxelles? Trois pour cent! (En Wallonie, 1,5 % et en Flandre, près de… 15%). Tu sais ce que je fais pour éviter d’être trempée? Je regarde le radar des pluies avant de me mettre en route. Et je ne sors jamais sans mon super poncho (rouge). Hé, fieu, c’est de l’eau, après tout. DE L’EAU! Ca fait pas mal, tu verras.

  • Et mon ordi? Et mes courses? Et mon brol? Comment je fais?

Chaque jour, je trimbale mon bureau sur mon dos: ordinateur, clavier, agenda, etc. J’ai opté pour un sac à dos (le seul moyen d’éviter les coups sur ma machine, vu l’état de certaines routes). Et pour les courses et le brol, c’est simple: une sacoche (rouge), hyper pratique et totalement imperméable. Finies, les files à la sortie du supermarché parce que le gars de devant a oublié de faire valider son ticket parking à la caisse!

  • Et mes talons hauts!? Et mes jupes!??

Non, tu n’es pas obligée de te déguiser en homme pour faire du vélo: si tu n’es pas à l’aise pour pédaler en talons hauts, tu les ranges dans ta (jolie) sacoche, et tu les enfiles une fois arrivée à destination. Quant à la jupe, ni les courtes, ni les longues ne m’ont jamais empêchée de pédaler! Ne t’inquiète pas, personne ne verra ta culotte (et, au pire, tu enfiles un short sous ta jupe pour le trajet).

Des bienfaits insoupçonnés

Quand tu te mets au vélo, très vite, tu commences à te sentir mieux. C’est dingue. Fini, le stress du matin (et du soir)! C’est souriante et détendue que je me déplace désormais.

Et ce n’est pas tout: savais-tu que le vélo augmente ton espérance de vie? Il va aussi galber et affiner ta silhouette (tu peux laisser tomber ton abonnement à la salle de sport). Il améliore la circulation sanguine. Madame, il te permet aussi de réduire la cellulite. Et – last but not least – il te fait de jolies fesses.

Je ne vais même pas parler des avantages (évidents) pour le porte-monnaie. Ton seul carburant, ce sont tes cuisses!

Nous reparlerons de tout ceci une fois l’hiver terminé. Je serai peut-être revenue aux infos trafic, qui sait? Mais je doute. En attendant, si tu nous croises, José Maria et moi, sur ton chemin, tu voudras bien nous dépasser “gentiment” et éviter de nous barrer la route sur le rond-point? Merci 🙂

Articles suggérés
6 commentaires affichés
  • Gilles Labruyère
    Répondre

    Je ne peux qu’être d’accord et applaudir des deux mains, Katia ! Et même dans la région d’Amsterdam, je ne suis pas trempé plus d’un demi-douzaine de fois par année, avec l’aide de Buienradar, pour 30 mn de trajet aller ou retour.

    • Katia
      Répondre

      Merci, Gilles, ça fait plaisir 🙂 Le radar des pluies en ligne est le meilleur ami du cycliste, c’est bien vrai!

  • Jeanne à vélo
    Répondre

    Il est super ce billet ! 🙂
    Merci pour ce retour d’expérience vélocipédique dans une ville que j’ai eu l’occasion d’arpenter modestement deux fois et que j’aime beaucoup. J’ai hâte d’y retourner pour (enfin) y pédaler.

    • Katia
      Répondre

      Oh merci, ça fait plaisir! 🙂 Du coup, je l’ai relu (il date un peu) – c’est comique de relire ce que j’écrivais il y a près de deux ans, 6 mois à peine après être passée au vélotaf quotidien. Ca fait des mois que je me dis que je devrais en écrire un autre pour faire le bilan, aujourd’hui, de mon addiction (car oui, la bicyclette est bel et bien devenue une addiction). Va falloir que je prenne le temps de faire ça. Quand tu reviendras à BXL, tu verras que la situation s’est pas mal améliorée, ces dernières années, pour les cyclistes 😉

Participez à la conversation