Dans Bruxelles, ma belle, Réflexions

Ce samedi 3 novembre avait lieu la troisième édition de Rise for Cimate à Bruxelles, ces rassemblements organisés partout dans le monde en vue de la COP24, qui s’ouvrira le 3 décembre prochain à Katowice, en Pologne. Une conférence ô combien décisive, lorsque l’on connaît les enjeux et, surtout, les délais serrés dont on dispose encore pour limiter le réchauffement de la planète sous un seuil tolérable pour l’humanité.

Claim the Climate

Ce samedi, le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du GIEC, aujourd’hui président du groupe de travail “Energie et climat” du Conseil fédéral du développement durable (CFDD), avait fait le déplacement. Pour un dialogue touchant, émouvant et inspirant avec Bo, cette petite fille de 12 ans venue l’interroger sur son avenir.

Parce que ces paroles sont trop importantes, j’ai eu envie de les reproduire ici, pour qu’elles soient lues et, surtout, entendues, par le plus grand nombre. Tu peux aussi voir la vidéo et la conversation sur YouTube.

Prochain rendez-vous: le samedi 2 décembre, pour Claim the Climate, la plus grande marche jamais organisée en Belgique sur le Climat. Pour faire savoir à nos dirigeants que nous exigeons que la question du réchauffement climatique devienne la priorité numéro un sur l’agenda politique.

Claim the Climate

 

“Bo: A quoi va ressembler ma vie quand je serai adulte, et comment notre vie actuelle aura changé à cause des changements climatiques?

Claim the Climate

D’ici une bonne dizaine d’années, vers 2030, le climat se sera encore réchauffé. Si on continue à presque ne rien faire, on risque de dépasser, après 2030, le réchauffement de 1,5° dont parlait le dernier rapport du GIEC.

Tu vivras, des plus en plus souvent, des étés très secs et très chauds.

Les agriculteurs vont avoir du mal à produire de la nourriture.

Les personnes plus fragiles vont avoir du mal à respirer.

Je te souhaite d’être en bonne santé, car des maladies que l’on voit relativement peu aujourd’hui vont devenir plus fréquentes, comme la maladie de liim.

Les animaux vont souffrir, la nature, les forêts, aussi.

Si tu aimes la neige, je te conseille d’en profiter tant qu’elle est là, car on en verra moins souvent.

Si tu aimes la mer, sache que les plages vont devenir de moins en moins larges, car le niveau des mers va continuer à monter.

Bo: Qu’est-ce qu’on fait mal, aujourd’hui pour provoquer un tel problème?

Nous consommons de plus en plus d’énergie, de gadgets, de voyages en avion, et la plupart du temps, ça veut dire brûler du pétrole, du gaz, du charbon, du bois – eh oui, brûler du bois ça pollue aussi.

Cette combustion dégage du CO2, un gaz invisible, qui joue le même rôle que celui d’une couche isolante autour de la Terre.

Chaque Belge émet en, moyenne une dizaine de tonnes de CO2 chaque année, soit plus de 25kg tous les jours. Ces kilos de CO2 sont cachés:

  • dans les km que nous ne faisons pas en transports publics ou à vélo
  • dans la fumée du chauffage des habitations mal isolées
  • dans les produits et plastique et du métal qui sont fabriqués par des industriels qui s’en fichent et qui continuent à les produire parce que nous les leur achetons. Ils considèrent l’atmopshère comme une poubelle infinie et gratuite.

Bo: Est-il encore possible d’éviter tout cela? Qui peut vraiment changer les choses?

Oui, c’est possible. Au moins d’éviter la partie la plus grave de l’évolution en cours. Comme le dernier rapport du GIEC l’a montré, l’humanité a le choix, tu as le choix, nous avons le choix: l’humanité peut continuer comme elle l’a toujours fait, en consommant toujours plus, et n’importe comment. Ou bien, elle peut décider, nous pouvons décider de changer pour arriver le plus vite possible, avant 2050, quand tu auras 45 ans, à cesser de remplir l’atmosphère avec nos gaz polluants.

Nous pouvons, par exemple, décider de manger moins de viande et de produits animaux, nous pouvons faire le choix de prendre le train ou le vélo, ou demander à un expert énergétique de nous conseiller pour chauffer moins et plus proprement – tu peux en parler à tes parents.

Nous pouvons décider de réserver les voyages en avion, si nous en faisons encore, aux très grandes occasions. Nous pouvons poser des questions qui dérangent aux banques à qui nous confions nos économies pour que notre argent serve la vie et non la mort.

Nous pouvons mettre sous pression les industriels qui se fichent de l’avenir de la vie sur Terre tant que cela rapporte. Et nous pouvons interpeller, mettre devant leurs responsabilités les décideurs politiques – il y en a, ici, qui travaillent dans ce bâtiment-là (M. Van Ypersele pointe le Parlement européen) pendant la semaine, les femmes et les hommes politiques qui pensent que la priorité, c’est de gérer le court terme et, surtout, de ne pas bousculer les habitudes.

A mon tour de te poser une question: est-ce que tu serais d’accord de participer à ce changement? Est-ce que tu penses que celles et ceux qui sont ici seraient d’accord aussi?

Bo: Moi, je suis d’accord pour participer à tout cela, et je pense que les gens ici, ils sont d’accord aussi…

Bo, je suis heureux de t’avoir rencontrée aujourd’hui. Je suis ému de t’avoir entendue être inquiète pour le climat et l’environnement, comme beaucoup de jeunes que je rencontre. Tu sais, quand je suis parti à la COP21, à Paris, j’ai reçu, avant de monter dans le train, cette petite chaussure, qui symbolisait les générations futures, au nom desquelles nous allions négocier l’Accord de Paris. Cette chaussure, je l’ai trimbalée sur mon sac à dos pendant toute la COP21, et je la garde aujourd’hui précieusement dans mon bureau, à Louvain-la-Neuve, et elle me fait penser tous les jours aux enfants et aux jeunes du monde entier qui, comme toi, seront bientôt en première ligne sur le front du climat.

A toi, Bo, à vous toutes et tous, je voudrais dire « merci », merci d’être là, merci de préparer une mobilisation encore plus forte pour le 2 décembre, merci de montrer que l’avenir est encore entre nos mains. Ce ne sera pas facile: il y aura des déceptions, il y aura des batailles perdues, des dirigeants sourds aux cris de leurs victimes – humaines, animales et végétales. mais il y a aussi, dès aujourd’hui, une force, la force de résister ensemble à la fatalité, à la recherche du profit à tout prix, à ceux qui cherchent à nous déshumaniser, à écraser la vie et la solidarité, à cultiver la peur de l’autre, à nier les acquis de la science.

Nous sommes de plus en plus nombreux à être touchés dans notre coeur par la gravité de la situation et à comprendre profondément l’urgence d’agir. C’est ensemble que nous pouvons en trouver le courage. Merci, Bo.”

Rendez-vous le 2 décembre pour une Marche pour le climat qui fera parler d’elle et, surtout, que les politiques ne pourront ignorer. Parles-en autour de toi. Partage l’événement sur Facebook. Colle des affiches au bureau. Bref, amène du monde! N’oublie pas: il n’est pas trop tard! Avec les Bruxsel’Air, on sera de la partie. On compte sur toi.

 

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