Dans Conseils pour se mettre en selle, Cyclotourisme

Avertissement: je publie cet article en pleine crise du Covid-19. L’idée n’est pas d’inciter le lecteur ou la lectrice à sortir. Cependant, j’observe des pistes cyclables parfois très fréquentées à Bruxelles et comme les autorités recommandent bel et bien l’activité physique en extérieur, autant la pratiquer dans de bonnes conditions – et en sécurité. Le cyclotourisme est un excellent moyen d’assurer la distanciation sociale.

Et si le cyclotourisme nous aidait à passer ce confinement dans de meilleures conditions? A garder le moral et à renforcer notre système immunitaire? Et si on en profitait pour découvrir les trésors cachés près de chez nous?

Le cyclotourisme, c’est l’art de se déplacer à vélo sans but précis, juste pour le plaisir de la découverte, du dépaysement, des rencontres, ainsi que par goût de la nature. Cette pratique est accessible à toute personne sachant rouler à vélo, peu importe son âge ou sa préparation physique. Vous avez envie de vous lancer, mais ne savez pas par où commencer? Essayons d’y voir plus clair.

Des pistes cyclables prises d’assault à Bruxelles

A l’heure où j’écris cet article, nous sommes en pleine crise du Covid-19. La Belgique est confinée. Seuls les déplacements essentiels sont autorisés. Mais aussi, l’activité physique en extérieur est non seulement autorisée, mais même recommandée.

Le hic, c’est que beaucoup de Bruxellois.es ont sorti le vélo de la cave (et c’est génial!), mais ne savent pas trop où rouler. Alors, beaucoup se limitent aux grandes (et belles) pistes cyclables de la ville. Résultat: entre les marcheur, les joggeurs et les cyclistes sur les pistes, difficile de respecter la distanciation sociale dans beaucoup d’endroits de la ville. Personnellement, je ne roule plus en ville depuis le début du confinement – sauf pour mes déplacements essentiels ou pour le travail, mais je prends alors soin d’éviter ces pistes cyclables et autres axes trop fréquentés par les promeneurs à pied ou à vélo.

Pour prévenir ce genre de choses, les autorités avaient cependant bien fait les choses en définissant les consignes: comme expliqué dans cet article, aucune limite de durée ou de distance n’est imposée chez nous aux cyclistes dans le cadre du confinement. Et pour cause: les experts se sont sans doute dit qu’il valait mieux disperser les cyclistes, en permettant à ceux qui en ont la possibilité de quitter la ville pour, dès lors, laisser plus de place en ville aux autres.

Quitter Bruxelles à vélo, le temps de quelques heures, est donc le moyen idéal, pour celui ou celle qui sort pour pratiquer une activité physique (et, ainsi, renforcer son système immunitaire), de se protéger – et de protéger les autres – en oubliant les tracas, le stress, les chiffres et les images du JT, l’espace de quelques heures (rouler vide la tête, c’est assez magique).

Le cyclotourisme, ou l’art de voyager près de chez soi – et de respirer!

Quand on dit “cyclotourisme”, on a des images qui nous viennent à l’esprit: des voyages au long cours, sur de longues distances, avec des tentes, des sacs de couchage, des cartes papier, etc. Sauf que le cyclotourisme, ce n’est pas que cela: on peut aussi décider de partir le temps d’un week-end, voire d’une journée ou de quelques heures. Le résultat sera le même: dépaysement, découvertes, plaisir – d’autant plus en ces temps de confinement. Finis, les week-ends à la mer ou dans les Ardennes. Alors, pourquoi ne pas enfourcher le vélo, le temps d’une belle balade autour de chez soi?

Lorsque j’ai commencé à rouler pour le plaisir, j’ai été époustouflée par la beauté et la tranquillité cachées, à quelques kilomètres à peine de chez moi (je vis à Schaerbeek). J’avais roulé une heure et waouh! Mais comment se fait-il que je ne sois jamais venue ici avant? C’est presque un monde parallèle, que j’ai découvert.

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La tranquillité aux portes de Bruxelles

Pendant des années, j’ai effectué tous mes déplacements en voiture. Je ne connaissais que les routes et les autoroutes. Je n’avais aucune idée que tous ces chemins, ruelles, et autres sentiers existaient tout autour de Bruxelles, et qu’ils me permettaient de parcourir de longues (parfois très longues) distances sans jamais croiser le moindre véhicule motorisé.

En suis-je capable?

J’ai eu la chance de découvrir le cyclotourisme il y a deux ans grâce à un groupe d’amis, qui le pratiquaient déjà et qui m’ont initiée. Je me souviens de la première fois où Lucas m’a proposé de me joindre à eux pour cette balade de… 70 kilomètres (!) – moi qui, jusque là, n’avais jamais roulé sur plus de 20 kilomètres. Au début, j’ai hésité: tous les membres du groupe étaient plus jeunes et plus entraînés que moi – jamais je n’arriverais à les suivre. Et si je restais à la traîne? Et si j’étais un boulet pour eux? Sans parler de mon vélo: à l’époque, je n’avais pas encore investi dans mon Croix de Fer. Mon vélo, c’était un vélo de course acheté d’occasion, adapté à la ville (avec un guidon droit, donc), super joli, certes, mais pas du tout confortable sur de longues distances. Mais Lucas et Romain ont insisté et ont trouvé les mots justes pour me convaincre. Ils ont cru en moi (alors que moi, pas du tout!). Et vous savez quoi? Non seulement je les ai faits, les 70 kilomètres, mais en plus, j’ai remis ça. Depuis deux ans, je roule très régulièrement pour le plaisir, seule ou accompagnée. Je ne pourrais plus m’en passer. L’année dernière, j’ai aussi fait mon tout premier voyage à vélo, dans le sud de la France: nous avons parcouru 500 km sur une semaine. Et je compte bien remettre cela dès que possible (à vrai dire, depuis que j’ai découvert le cyclotourisme, voyager loin, comme j’ai pu le faire à l’époque de ma période nomade, ne m’intéresse plus).

Par où commencer?

Si vous avez la chance d’avoir des amis qui pratiquent le cyclotourisme, demandez-leur de vous emmener – après le confinement, bien sûr. Pour l’instant, les consignes sont strictes: on a le droit de rouler seul, ou avec un.e ami.e, mais alors toujours le ou la même. Ou alors en famille, avec les personnes qui vivent sous votre toit.

Si vous débutez seul.e, le mieux est de commencer par tracer votre itinéraire (difficile de trouver les plus chouettes chemins en roulant simplement au hasard). Tracer un itinéraire est beaucoup plus simple qu’on ne le pense. Vous pouvez aussi trouver des itinéraires déjà tout tracés sur Strava (n’hésitez pas à consulter mon profil et à vous inspirer de mes propres balades), Komoot, Routeyou, etc.

Avant de prendre la route pensez à (faire) vérifier votre vélo si vous n’avez plus roulé avec depuis longtemps: vérifiez que les pneus sont bien gonflés et que les freins fonctionnent bien. N’hésitez pas à passer chez votre vélociste préféré.

Quel matériel prévoir?

Selon que vous partirez pour deux heures, pour une journée ou pour plusieurs jours, le matériel ne sera pas le même. Ici, nous partons du principe que vous débutez (et que nous sommes en plein confinement) et que, dès lors, vous allez commencer par une balade de quelques heures.

Le matériel sera très simple:

  • Un vélo (c’est mieux)
  • De l’eau
  • Un GPS vélo ou un smartphone (pour suivre votre itinéraire)
  • Idéalement, un système de fixation pour fixer votre smartphone ou votre GPS vélo au guidon
  • Une batterie externe (au cas où)
  • Un petit en-cas (sait-on jamais si vous avez une petite baisse de régime: une petite barre de céréales, une banane ou une gaufre – ce qui vous fait plaisir)
  • Matériel de réparation au cas où vous crevez: une pompe, des rustines (je sais que c’est pas bien, mais moi, j’emmène rarement ce matériel quand je pars rouler quelques heures. Je me dis qu’en cas de pépin, je trouverai bien un autre cycliste pour me dépanner. Et aussi, avec mon assurance vélo, j’ai un service d’assistance inclus (même genre que Touring, mais pour les vélos).
  • Votre joie de vivre (si vous l’avez perdue, pas de souci: vous la retrouverez vite en chemin – promis!)

Quelle durée pour commencer?

Si vous partez rouler pour quelques heures, avec l’itinéraire que vous aurez confectionné, vous ferez peut-être une boucle – vous partirez de chez vous et terminerez chez vous (pendant le confinement que nous vivons actuellement, c’est la seule option, les consignes sont claires sur ce point aussi: pas question de mettre le vélo sur la voiture pour aller rouler en forêt. Non, on doit partir de chez soi à vélo et revenir chez soi à vélo). (Quand le confinement sera terminé, vous pourrez très bien rouler jusque Namur, puis rentrer à Bruxelles en train).

Pour ce qui est du kilométrage et de la durée, il n’y a pas de règle: si vous débutez et que vous manquez de confiance en vous (c’est parfaitement naturel au début), commencez par un tour d’une vingtaine de kilomètres. La deuxième fois, vous en ferez peut-être 30, puis 40, et un jour, vous vous rendrez compte que vous avez roulé 125 kilomètres sur la journée et vous n’en reviendrez pas (c’est ce qui m’est arrivé l’année dernière, et je n’en suis toujours pas remise).

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Mon premier 125 km – en sandales, s’il vous plaît!

Où aller?

Rouler sans but ni sans destination précis. C’est là tout l’art du cyclotourisme. Et la source de la joie et du bien-être que procure la pratique. La liberté, en somme. Peu importe la destination, donc – et de toute façon, votre destination finale, ce sera chez vous.

Il existe des moyens très simples pour confectionner votre itinéraire. De nouveau, je vous renvoie vers cet article, que j’aurais pu intituler “Tracer un itinéraire vélo pour les nuls”. Laissez-vous donc guider par les applis et les itinéraires suggérés, et voyez ce que vous avez envie de voir: traverser des villages? Rouler en pleine nature, à travers champs? Tout est possible. Préparez-vous à découvrir le merveilleux monde parallèle qui nous entoure et dont vous ne soupçonniez pas l’existence…

Derniers conseils

Vérifiez la météo

Avant de vous mettre en route, vérifiez les prévisions et habillez-vous en conséquence: prévoit-on de la pluie? Du vent? Quelle température? N’oubliez pas que vous aurez vite chaud sur votre vélo, grâce à l’effort fourni. Ne vous habillez pas trop chaudement. Si vous avez des doutes, emportez un coupe-vent et/ou votre équipement de pluie dans votre sacoche ou votre sac à dos.
Pensez aussi à vérifier la direction et la force du vent, sur Windfinder, par exemple.
Astuce: mieux vaut avoir un vent de face pendant la première moitié de votre trajet que sur le chemin du retour (question d’effort).

Attendez avant de faire des dépenses

Inutile de vous lancer dans l’achat d’un vélo de randonnée ou de matériel high-tech si vous débutez. Un vélo tout simple fera très certainement l’affaire (vérifiez tout de même les revêtements sur lesquels vous allez être amené.e à rouler avant de partir (je vous explique comment dans “Comment tracer un chouette itinéraire à vélo” – il suffit d’aller visualiser votre itinéraire sur Komoot, par exemple, avant de partir, pour éviter toute (mauvaise) surprise).

Même chose pour les sacoches, sacs à dos, GPS vélo et autres équipements: inutile d’investir des sommes importantes au début. Gardez vos sous, roulez avec ce que vous avez.

Lorsque vous aurez fait plusieurs randonnées, vous serez mieux en mesure de déterminer ce qu’il vous manque vraiment et ce que vous souhaitez acheter. Dans tous les cas, pensez à aller discuter de vos envies et de vos besoins avec un vélociste près de chez vous; il sera le mieux placé pour vous aider et vous conseiller.

En route!

Voilà, il ne vous reste plus qu’à sortir le vélo de la cave, confectionner votre itinéraire et prendre la route. Attention: le cyclotourisme, comme le vélo en général, est hautement addictif. C’est à cause des endorphines que la pratique de la bicyclette dégage, mais aussi à cause de toute la beauté qui nous entoure, et que seule la bicyclette nous permet de découvrir. Et en cette période de confinement, comme me le disait hier une amie qui venait d’effectuer sa première sortie à vélo au vert, pédaler, l’espace de quelques heures, dans la nature, en ce moment, c’est thérapeutique! Qu’on se le dise…

Bonne route, prenez soin de vous, et pensez à revenir me raconter votre première balade lorsque vous l’aurez faite!

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