Dans Bruxelles, ma belle, Réflexions

Ce dimanche était organisée à Bruxelles, comme dans beaucoup de villes d’Europe, depuis quelques années, la fameuse Journée sans soleil voitures, qui venait clôturer la Semaine de la mobilité. Attendue avec impatience par les uns, redoutée, voire maudite, par les autres, la Journée sans voitures est l’occasion pour ceux qui n’ont pas l’habitude de se déplacer en ville autrement qu’en voiture de sortir leur vélo et autres engins plus ou moins originaux.

Pour ma part, la Journée sans culotte voitures était l’occasion d’emprunter, comme bien souvent le reste de l’année, un Villo! pour me rendre en ville en toute tranquillité (c’est du moins ce que je pensais), à l’abri du chaos et de la pollution du trafic automobile.

Après avoir parcouru 3 kilomètres à pied pour trouver un Villo! (les 3 stations visitées avant étant toutes vides au moment de mon arrivée – et pas la peine de me dire que je n’avais qu’à vérifier la disponibilité sur l’appli; c’est ce que j’ai fait et à chaque fois, je me suis fait piquer le dernier vélo juste avant mon arrivée), je me mets enfin en route sur mon fier destrier.

Tout commence par une agréable promenade, les cheveux au vent, dans le calme paisible de cette ville qui soudain a changé de visage. C’est tandis que j’approche, en chantonnant, du Rond-Point Schuman que je me rends soudain compte que loin d’avoir fait place à la tranquillité, cette Journée sans cerveau voitures a en fait fait de ma ville un endroit… comment dire? hostile! Si si, vous avez bien lu: hostile! Une jungle où la menace est partout!

J’ai ainsi évité (dans le désordre), en deux heures tout au plus:

  • une collision frontale avec un gamin de 12 ans – juste après l’incident évité de justesse (grâce à mes incroyables réflexes, on peut le dire), j’ai ensuite entendu son père, s’adressant à sa mère: “cette fois, il a bien failli rentrer dedans”, le “dedans” étant moi, en l’occurrence – on a eu chaud. Enfin, surtout moi, le gamin ne s’étant manifestement rendu compte de rien;
  • une collision latérale avec un enfant de 3 ans: rue de la Loi, en direction de Schuman. En descente, donc. J’emprunte exprès la piste cyclable pour a) respecter le code de la route (d’autant que je suis en sans interdit) b) éviter les 126 collisions frontales potentielles avec les 657 cyclistes à croiser en chemin. Bref. La piste est à moi seule ou presque. Je me laisse porter par la descente (et le Dieu Eole, qui a bien compris que j’avais envie de vitesse). Bref, je file à toute allure quand soudain, j’aperçois ce petit qui s’éloigne de ses parents (tous en vélo, bien sûr, sinon c’est pas drôle), à l’arrêt sur le trottoir (les parents, donc), pour venir emprunter ma piste cyclable (sauf que le petit, il a pas compris que la piste, faut la prendre dans le sens de la longueur, pas de la largeur). Bref, soudain, des cris (“Juaaaaaaaaan!!! Ven aqui!”) se mêlent au crissement de mes freins (Dddddddzzzzzzzzzzzzzzzeeeeeennnnnggggggg). J’ai bien cru que j’allais passer par-dessus mon vélo. Aucune victime. J’ai découvert une force insoupçonnée dans mes mains (non, je n’ai pas touché au gamin, rassurez-vous – c’est plutôt la tête des parents que j’avais envie d’enfoncer soudain dans le panier de mon vélo! – je parlais de ma capacité de freinage).
  • 46 collisions en tous genres – avec des enfants, des adules, cyclistes, piétons, rollers,… Ah, avec un chien, aussi. Bref. Avec tout, sauf avec des voitures (déjà, parce qu’elles étaient, par définition, peu nombreuses, mais surtout, parce que pour une fois, les automobilistes étaient bien les seuls à respecter le code et à faire attention à ce qui les entourait).

Bref. Tout ça pour dire que l’année prochaine, je resterai sagement chez moi le jour de la Journée sans voitures. Ou alors je souscrirai une assurance spéciale si vraiment il fait beau et que j’ai envie de sortir.

En attendant, ce matin, tout est revenu dans l’ordre: les voitures ont repris le monopole de la route, reléguant les cyclistes (asphyxiés) aux trottoirs et autres slaloms entre les véhicules et le bord de la route, mais chacun respectait le code. Si seulement les infrastructures pouvaient enfin être aménagées pour tenir compte de tous les usagers de la route, la vi(ll)e serait tellement plus belle et agréable!

Et vous? Cette Journée sans voitures, comment l’avez-vous vécue? En êtes-vous sorti indemne? Ou me lisez-vous depuis votre lit d’hôpital?

La nomade (survivante)

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